Table Architecture



















Résidence Birch


Lieu: Saint-Lambert, Québec
Superficie: 120m2
Statut: Construit, 2024

La résidence Birch s’insère dans un développement du début du 20e siècle de la ville de Saint-Lambert, à proximité du cœur villageois. Ce secteur, aujourd’hui un quartier résidentiel paisible, est caractéristique du paysage suburbain lambertois ayant historiquement attiré un grand nombre de Montréalais par son architecture pittoresque et son couvert végétal considérable. Le bâtiment d’origine offre une architecture et une matérialité généreuses. À l’extérieur, un revêtement de brique rouge peignée et un toit traditionnel de tôle galvanisée à baguettes enveloppent la maison. À l’intérieur, les planchers de bois, les boiseries et les moulures ornementales typiques de cette période nous transportent dans l'élégance domestique du siècle dernier. Ce charme d’époque était toutefois accompagné de frictions entre une conception composée de pièces cloisonnées et des circulations enchevêtrées, et le mode de vie d’une famille contemporaine.

N'osant renoncer au caractère de cette résidence, le défi fut de respecter l’existant en soulignant ses qualités, tout en réalisant des interventions pondérées afin d’adapter le bâti aux souhaits et besoins actuels. En tentant de corriger certaines maladresses d’interventions précédentes, l’objectif était d’offrir des espaces fluides, lumineux, épurés, spacieux et ouverts sur la cour, sans dénaturer la maison. Aux interventions à même le bâtiment d’origine s’ajoute ainsi la construction d’un volume compact vers l’arrière du terrain, au creux du jardin, accueillant une cuisine.

La nouvelle composition du plan établit deux axes principaux au rez-de-chaussée : d’une part, un axe de services et de circulation, et d’autre part un axe logeant une série de pièces de vie. L’axe de circulation lie les espaces servants et accueille une pièce multifonctionnelle, utilisée comme salle de jeux. Les pièces de vie principales, situées dans le second axe, se distribuent en une enfilade : séjour, salle à manger, cuisine, terrasse. Ainsi, la cuisine n’appartient plus aux espaces de services, mais devient bel et bien une espace de vie au cœur des activités familiales. Les deux axes sont connectés à des emplacements précis, afin d’assurer une fluidité spatiale, sans compromettre la quiétude de chaque espace.

La modification de l’agencement intérieur crée un noyau autour duquel gravitent les activités quotidiennes. Autrefois isolée, la nouvelle cuisine est désormais le centre de l'attention, permettant un flux naturel et une connexion entre les pièces du rez-de-chaussée et l’extérieur. Les caractéristiques de la maison y sont réinterprétées de façon contemporaine, entre autres par le bois teint et la mouluration. Les fenêtres à carreaux font place à de grandes ouvertures en coin, baignant de lumière les espaces intérieurs et offrant des vues cadrées sur le jardin, depuis les pièces existantes du rez-de-chaussée. Avec une palette de matériaux inspirée de l’esthétique d’origine, les intérieurs jouent sur les contrastes inhérents entre la chaleur du bois et la froideur du béton; entre la délicatesse du chêne et l’âpreté de la pierre frittée. Apportant texture et profondeur, le plafond de la cuisine est constitué de solives de bois peint laissées apparentes. Elles rythment visuellement le parcours et structurent les interventions sous-jacentes.

Bien que le site possédait des qualités paysagères indéniables, le niveau du rez-de-chaussée du bâtiment existant se trouvait élevé par rapport à la topographie naturelle, permettant difficilement de profiter du jardin. Tout en offrant des dégagements sous plafond plus généreux pour la cuisine, l’encastrement de l’agrandissement reconnecte graduellement les espaces intérieurs avec la cour arrière. La terrasse extérieure se trouve ainsi en continuité avec les fonctions du bâtiment, et fait office de socle autour duquel s’articule l’aménagement paysager.

À la fois étranger et familier, mystérieux et manifeste, l’agrandissement tranche sans heurter. Prisme franc de maçonnerie, en écho à la matérialité d’origine, le nouveau volume établit un contraste formel avec le bâtiment du début du siècle, couronné sobrement d’une tôle rappelant la toiture à versant adjacente. Les façades, reflets des usages intérieurs, se composent de surfaces de pleins et de vides, alternant entre brique et verre, gravité et légèreté.

Dans le cadre d’interventions sur un bâtiment existant, l’intégration de caractéristiques modernes, dont la composition architecturale, la sélection de finis ainsi que la conception formelle, se doit d’être réalisée en tout respect du patrimoine. Cette volonté se caractérise par des détails, des volumes, des matériaux et des surfaces tactiles qui mettent en valeur les qualités intrinsèques de la résidence et de son contexte paysager. L’encombrement et l’ornementation superflus sont soustraits, en veillant toutefois à ce que l’intérieur épuré demeure propice au confort et aux rassemblements.

















































































































































































































































































Équipe: Bernard-Félix Chénier, Hugo Duguay, Elisabeth Lapointe, Nathaniel P. Joanisse
Ingénieur en structure: Minh Quang Tran
Entrepreneur: Projet Caron 
Ébénisterie: Gepetto
Photos: Félix Michaud
Illustrations: Table Architecture











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